Séminaire "Patriarcat et Héritage. Propriété, répartition et transmission dans l’Europe moderne" : "L’Empire des Nairs (1793) de James H. Lawrence : une société sans pères"

Ce séminaire se fixe pour objectif d’étudier l’émergence, dans l’Europe moderne, d’une conception à la fois juridique, philosophique et politique nouvelle de l’héritage. Cette conception nouvelle implique notamment une transformation de ses modalités, et de la manière dont celui-ci distribue et redistribue la propriété et l’autorité au sein de la famille et de la société patriarcales. Nous nous intéressons aux évolutions de cette répartition à la fois horizontale, au sein des fratries, et verticale, des parents aux enfants et à la manière dont cette répartition s’étend aux filles comme aux garçons, via les régimes dotaux notamment, pour entamer l’édifice patriarcal. Nous chercherons à comprendre comment ces évolutions s’inscrivent à la fois dans le droit privé et dans le droit public, et comment ces deux domaines s’articulent dans les écrits théoriques des auteurs et des autrices de la période. Ainsi, on s’efforcera d’étudier les relations entre les transformations des structures familiales et celles des structures politiques, à travers la manière dont ces différents types de transformations interagissent les uns sur les autres. Le prisme de l’héritage permettra de jeter un éclairage nouveau sur les questions suivantes : qui détient l’autorité, la propriété ou « patrimoine » et le nom, au sein de la famille et au sein de la nation ? Existe-t-il des différences repérables quant à la répartition de la propriété entre un système représentatif ou républicain et un système monarchique, entre pays de droit coutumier et pays de droit écrit ? Quel lien peut-on établir entre la détention de l’autorité dans la famille et la légitimité à parler au nom des autres dans la nation ? Dans quels contextes politiques et sociaux s’est opérée la « privatisation » de l’héritage ? Le séminaire tentera de balayer le champ européen, depuis les débuts de l’époque moderne jusqu’au milieu du XIXe siècle.