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Colloque international Argent, pouvoirs et représentations

Publié le 31 octobre 2014 Mis à jour le 22 novembre 2018

Colloque international co-organisé par les universités Paris Nanterre (Manifestation labellisée dans le cadre des 50 ans du Campus), Poitiers, Le Mans, Caen : Laboratoires CREA, MIMMOC, 3LAM, ERIBIA avec le soutien de l'Institut des Amériques

Date(s)

du 21 novembre 2014 au 22 novembre 2014

Lieu(x)
  • Vendredi 21 novembre : Bâtiment V, salles R14 et V 210
  •  Samedi 22 novembre : Bâtiment B Salle du Conseil et bâtiment D salle D04



Plan d'accès

Descriptif :


Longtemps avant l’émergence du néolibéralisme, au début du XXe siècle, le sociologue allemand Georg Simmel dans sa Philosophie des Geldes (Philosophie de l’argent) défendait l’idée que l’argent était devenu Dieu en devenant "un but en soi" ; le culte de l’argent avait, disait-il, détrôné la religion organisée. Il proposait une approche de ce phénomène qui ne se réduirait pas à l’économie. John Kenneth Galbraith, quant à lui, se demandait en 1975 dans son livre Money : Whence It Came, Where It Went : (titre français : L’Argent) Pourquoi est-ce que quelque chose d’intrinsèquement sans valeur, est de façon si évidente désirable ?"

Ce colloque international a pour but d’appréhender la double nature de l’argent, que l’on qualifie "d’équivalent universel", ainsi que ses relations avec le pouvoir. Dans toutes les démocraties libérales d’Europe et des Amériques, l’argent joue un rôle essentiel dans le jeu institutionnel et dans la vie culturelle. Il est la source de conflits mais il est aussi nécessaire dans toute entreprise collective. L’argent peut donc être vu comme le nerf de toute action politique ou culturelle dans un cadre démocratique ; tous les problèmes économiques ou politiques étant, pour partie, pris dans la dialectique du « trop ou pas assez d’argent ».

Ainsi les partis politiques ont besoin de financement pour contribuer à l’expression de la volonté du peuple mais des campagnes de plus en plus chères mettent en danger la démocratie elle-même en la réduisant aux financements oligarchiques. L’argent apparaît donc comme un pilier de la démocratie mais également comme un agent corrupteur de celle-ci. L’argent permet l’accession au pouvoir mais il est aussi un équivalent symbolique ou un signifiant du pouvoir. Il définit en grande partie ce que sont la richesse et la pauvreté et sert de convertisseur symbolique pour presque tous les conflits sociaux. Pour reprendre les mots de Marx qui datent des Manuscrits de 1844 : "Si l’argent est le lien qui me lie à la vie humaine, qui lie à moi la société et qui me lie à la nature et à l’homme, l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas dénouer et nouer tous les liens ? N’est-il non plus de ce fait le moyen universel de séparation ?"
Une réflexion sur l’argent et les pouvoirs implique un retour à des problématiques anciennes qui n’ont jamais quitté le débat politique européen ou américain, par exemple les problèmes de distribution et de répartition dans la société, de luttes de classes, d’investissements, de groupes d’intérêts, de luttes entre minorités et majorités. Il suffit de penser aux divers mouvements de révoltes contre l’impôt, aux débats tant européens qu’américains sur l’austérité, aux budgets militaires rapportés aux dépenses sociales : dans tous ces domaines, le problème de l’allocation des ressources et de l’accès inégal au pouvoir se pose. Les débats culturels ne peuvent exclure ni les considérations financières ni les représentations de la justice ou de l’égalité.
Toutes les démocraties occidentales sont traversées par des débats sur la justice dans le domaine économique. Depuis la définition de la "vie bonne" d’Aristote, les groupes exclus de celle-ci ont lutté pour y être inclus et donc pour changer la répartition des ressources afin d’avoir "leur part du gâteau". La puissance des diverses nations ou, pour reprendre les termes de Paul Kennedy leur "naissance et déclin" dépend de leur puissance économique et financière qui détermine aussi leurs représentations à l’étranger.

Cependant, comme Simmel l’indique, s’interroger sur l’argent et le pouvoir doit inclure une dimension philosophique. Le philosophe américain Michael Sandel a publié un ouvrage au titre programmatique : What Money Can’t Buy : the Moral Limits of Markets (Ce que l’argent ne peut acheter : les limites morales des marchés). L’argent ne peut pas tout. De nouvelles analyses de la société de consommation mettent l’accent sur les dimensions non monétaires de la "vie bonne" et des représentations du pouvoir qui s’éloignent de la métaphore du partage du gâteau. La sociologie de la pauvreté ou des comportements des classes dominantes ou élites fortunées prend des formes différentes mais voisines dans tous les pays européens ou des Amériques. L’argent et son exhibition, la consommation ostentatoire, sont des signifiants de puissance que des sociologues comme Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot étudient dans leur ouvrage intitulé : L’Argent sans foi ni loi. La culture de la célébrité ou le star system affecte tous les acteurs de la vie sociale ou politique dans le monde occidental.
Le monde de l’art est lui même traversé par la question de l’argent et de ses représentations, tant dans le fonctionnement des institutions artistiques que dans les thématiques abordées. L’art dans le monde globalisé propose des appréhensions de l’argent et du pouvoir qui sont elles-mêmes de portée internationale. Dans la littérature et au cinéma l’argent (titre d’un film célèbre de Robert Bresson) est souvent au centre des intrigues.

Ce colloque abordera des thématiques politiques, culturelles et économiques dans des champs très divers qui traversent les disciplines de la philosophie, de la science politique, de l’économie, de l’histoire, de la littérature et des arts pour s’intéresser aux mouvements sociaux, aux minorités, aux productions culturelles aux débats citoyens ou aux dérives anti-démocratiques.

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Mis à jour le 22 novembre 2018