- Libellé inconnu,
Journée d'étude "Intimité" dans le cadre du projet "Birth(ing) stories"
Publié le 17 novembre 2021
–
Mis à jour le 17 novembre 2021
La première journée d'étude du projet "Birth(ing) stories" aura lieu via Zoom le 26 novembre 2021 de 10h à 17h.
Date(s)
le 26 novembre 2021
10h-17h
Lieu(x)
En ligne, sur Zoom
Le projet Birth(ing) Stories a pour objectif de constituer un réseau de chercheur.e.s en sciences humaines et sociales et de praticien.ne.s en périnatalité afin de construire une recherche pluridisciplinaire sur l'accouchement. Le projet est porté principalement par l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, en collaboration avec l'Université Bordeaux Montaigne et l'Université Paris Nanterre.
Programme
Conférence
- 10h : Julie Nouvion, Co-présidente de l'Association des Ami.e.s et Usager.e.s de la maison de naissance CALM
Atelier 1 (modération : Nathalie Sebbane)
- 11h15 : Sijia Pang (Doctorante de CLESTHIA ED 622 - Sciences du langage à l'Université Sorbonne Nouvelle)
"Euphémisme VS. Synonymie"
L’euphémisme est un cas de figure de la synonymie : le système linguistique restreint et élimine volontairement les mots qui signifient la même chose, mais une réalité taboue peut être désignée par des dizaines, des centaines ou des milliers des mots, dans le Dictionnaire érotique, Pierre Guiraud (1995) répertorie plus d’un mille mots pour les parties intimes masculines et féminines.
Ce phénomène a suscité un vif intérêt chez les linguistes selon lesquels ces mots dysphémiques et euphémiques renvoyant à la même réalité constituent ensemble un paradigme synonymique (Guiraud, 1995 [1978] ; Regis, 1986 ; Allan et Burridge, 1991, 2006 ; Paissa, 2009 ; López Díaz, 2013, 2018).
Après avoir investigué les definitions de la synonymie et de l’euphémisme, je me suis rendu compte que la synonymie présente nombreuses limites qui la rend non pertinente pour parler du phénomène de la co-existence des mots pour un tabou. Dans cette communication, je tente d’expliquer pourquoi elle n’est pas une notion idéale.
Ce phénomène a suscité un vif intérêt chez les linguistes selon lesquels ces mots dysphémiques et euphémiques renvoyant à la même réalité constituent ensemble un paradigme synonymique (Guiraud, 1995 [1978] ; Regis, 1986 ; Allan et Burridge, 1991, 2006 ; Paissa, 2009 ; López Díaz, 2013, 2018).
Après avoir investigué les definitions de la synonymie et de l’euphémisme, je me suis rendu compte que la synonymie présente nombreuses limites qui la rend non pertinente pour parler du phénomène de la co-existence des mots pour un tabou. Dans cette communication, je tente d’expliquer pourquoi elle n’est pas une notion idéale.
- 11h35 : Béatrice Jacques (Maîtresse de conférence en sociologie à l'Université de Bordeaux)
"Les rôles de l’intime et de l’intimité dans la mise au monde : comment privatiser l’espace public ?"
Le terme intimité est souvent employé par les couples et les professionnels de santé pour parler de la naissance. Ils y ont recours pour évoquer l’intimité du foyer, des couples, du corps… Ils l’associent au privé, à la relation de soins…
Pour Giddens (1994), on peut aujourd’hui parler de véritables « épreuves de la modernité », lorsque des individus s’engagent dans une relation de « confiance » avec les représentants des systèmes abstraits de la vie sociale, ici les structures des soins, dans lesquelles l’intime et l’intimité sont mises à mal. En effet, accoucher à l’hôpital induit la présence d’un personnel nombreux et donc un certain renoncement à l’intimité. Les corps nus ont un statut particulier pour les soignants. Ce n’est plus un individu qui est observé mais une maladie, un organe en particulier. La maternité présente cette particularité de travailler sur un utérus, un périnée, de faire des soins qui touchent une partie du corps tabou, cachée, intime. L’acte de naître s’est toujours défini comme un moment intime et personnel. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles ressources et registres discursifs les femmes mobilisent-elles pour continuer à en faire (ou non) un moment privé ?
Pour Giddens (1994), on peut aujourd’hui parler de véritables « épreuves de la modernité », lorsque des individus s’engagent dans une relation de « confiance » avec les représentants des systèmes abstraits de la vie sociale, ici les structures des soins, dans lesquelles l’intime et l’intimité sont mises à mal. En effet, accoucher à l’hôpital induit la présence d’un personnel nombreux et donc un certain renoncement à l’intimité. Les corps nus ont un statut particulier pour les soignants. Ce n’est plus un individu qui est observé mais une maladie, un organe en particulier. La maternité présente cette particularité de travailler sur un utérus, un périnée, de faire des soins qui touchent une partie du corps tabou, cachée, intime. L’acte de naître s’est toujours défini comme un moment intime et personnel. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles ressources et registres discursifs les femmes mobilisent-elles pour continuer à en faire (ou non) un moment privé ?
- 12h00-12h30: questions
Atelier 2 (modération : Béatrice Jacques)
- 14h : Alice Braun (Maîtresse de conférence en anglais à l'Université Paris Nanterre)
"L’accouchement dans la littérature de langue anglaise - de la troisième à la première personne"
C’est véritablement au vingtième siècle que l’accouchement devient un objet de représentation littéraire légitime, chez notamment des autrices comme Doris Lessing ou Sylvia Plath dans les années 50 et 60 jusqu’à Rachel Cusk et Maggie Nelson plus récemment. Il s’agira de nous intéresser d’une part aux différentes étapes de la visibilisation de l’accouchement comme objet de représentation, et d’autre part aux problématiques esthétiques que pose cette représentation dans une tradition littéraire encore très influencée par le regard masculin sur le corps des femmes. On s’intéressera également à la manière dont le récit littéraire d’accouchement se construit à l’intérieur du texte littéraire, en comparant notamment des textes de prose où le récit d’accouchement se déroule selon un suivi souvent chronologique et linéaire, et des textes de poésie où la logique métaphorique se substitue à la linéarité, et où l’événement se décrit par touches sensorielles et émotionnelles.
- 14h20 : Nathalie Sebbane (Maîtresse de conférences en études irlandaises à l'Université Sorbonne-Nouvelle)
"Symphysiotomie en Irlande : droits humains et atteintes à l’intimité"
La procédure de symphysiotomie, qui consiste à agrandir le diamètre pelvien de la mère en sectionnant partiellement les fibres qui relient les os pubiens à l'avant du bassin n’est guère plus pratiquée de nos jours car elle fait l’objet de grandes controverses. Tour à tour dénoncée pour les complications qu’elle entraine ou louée pour permettre de sauver des vies là où la césarienne ne suffit pas, elle a néanmoins été largement pratiquée en Irlande jusqu’au dans les années 80. On estime qu’environ 1500 Irlandaises l’ont subie contre leur gré des années 1940 aux années 80.
L’une des raisons qui explique l’utilisation de cette procédure en Irlande serait à chercher dans la nature profondément catholique de la société irlandaise et son aversion pour les césariennes.
A la suite d ‘une enquête et d’un rapport demandé par le gouvernement irlandais, des mesures financières compensatoires ont été demandées et obtenues par 400 femmes depuis 2014.
Les militants se sont dits particulièrement préoccupés par le fait que, pour accepter un paiement unique dans le cadre de ce programme, une femme doit accepter de signer une renonciation qui, de manière irrévocable, "indemnise et dégage de toute responsabilité" toutes les parties en ce qui concerne une demande de réparation existante ou future, y compris les médecins, le personnel médical, les services de santé et les ordres religieux qui ont géré les hôpitaux en question.
Les Nations unies ont constaté que 1 500 de ces opérations avaient été réalisées sans le consentement des patientes. Ces opérations ont violé les droits constitutionnels et humains des femmes, mais aucune personne à ce jour n'a jamais eu à rendre des comptes.
Les femmes qui ont subi ces interventions insistent sur le fait qu’elles les ont privées de relations de couple normales, ont affecté leur relation avec leur nouveau-né et ont porté atteinte à leur intimité.
Cette communication propose d’analyser dans quelle mesure cette pratique médicale a été influencée par le dogme catholique dans un pays où le corps de la femme a fait l’objet de multiples technologies de pouvoir.
Il conviendra d’analyser tout à tour les témoignages des femmes qui ont subi cette intervention et les réponses des instances gouvernementales irlandaises et des instances internationales afin de déterminer dans quelle mesure la procédure a constitué une véritable atteinte à l’intimité de la parturiente, pendant et après l’accouchement.
L’une des raisons qui explique l’utilisation de cette procédure en Irlande serait à chercher dans la nature profondément catholique de la société irlandaise et son aversion pour les césariennes.
A la suite d ‘une enquête et d’un rapport demandé par le gouvernement irlandais, des mesures financières compensatoires ont été demandées et obtenues par 400 femmes depuis 2014.
Les militants se sont dits particulièrement préoccupés par le fait que, pour accepter un paiement unique dans le cadre de ce programme, une femme doit accepter de signer une renonciation qui, de manière irrévocable, "indemnise et dégage de toute responsabilité" toutes les parties en ce qui concerne une demande de réparation existante ou future, y compris les médecins, le personnel médical, les services de santé et les ordres religieux qui ont géré les hôpitaux en question.
Les Nations unies ont constaté que 1 500 de ces opérations avaient été réalisées sans le consentement des patientes. Ces opérations ont violé les droits constitutionnels et humains des femmes, mais aucune personne à ce jour n'a jamais eu à rendre des comptes.
Les femmes qui ont subi ces interventions insistent sur le fait qu’elles les ont privées de relations de couple normales, ont affecté leur relation avec leur nouveau-né et ont porté atteinte à leur intimité.
Cette communication propose d’analyser dans quelle mesure cette pratique médicale a été influencée par le dogme catholique dans un pays où le corps de la femme a fait l’objet de multiples technologies de pouvoir.
Il conviendra d’analyser tout à tour les témoignages des femmes qui ont subi cette intervention et les réponses des instances gouvernementales irlandaises et des instances internationales afin de déterminer dans quelle mesure la procédure a constitué une véritable atteinte à l’intimité de la parturiente, pendant et après l’accouchement.
- 14h45 - 15h15: questions
Table ronde
- 15h30-16h30 : table ronde avec tous les intervenants
Tous les détails sont à retrouver sur le site du projet à l’adresse suivante : https://sites.google.com/view/birthing-stories/journ%C3%A9e-d%C3%A9tude-intimit%C3%A9
Mis à jour le 17 novembre 2021
Suivre la rencontre en ligne
Pour recevoir un lien de connexion, merci d'écrire à Alice Braun (alice.braun@parisnanterre.fr) ou à Nathalie Sebbane (nathalie.sebbane@sorbonne-nouvelle.fr)