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- Libellé inconnu,
Le déchaînement du monde : Logique nouvelle de la violence
François Cusset
Publié le 13 mars 2018 – Mis à jour le 13 mars 2018
Paris, La Découverte, 2018.
Le monde est déchaîné. La violence n’y a pas reculé, comme le pensent certains. Elle a changé de formes, et de logique, moins visible, plus constante : on est passé de l’esclavage au burn-out, des déportations à l’errance chronique, du tabassage entre collégiens à leur humiliation sur les réseaux sociaux, du pillage des colonies aux lois expropriant les plus pauvres... L’oppression sexuelle et la destruction écologique, elles, se sont aggravées.
Plutôt qu’enrayée, la violence a été prohibée, d’un côté, pour « pacifier » policièrement les sociétés, et systématisée de l’autre, à même nos subjectivités et nos institutions : par la logique comptable, sa dynamique sacrificielle, par la guerre normalisée, la rivalité générale et, de plus en plus, les nouvelles images. Si bien qu’on est à la fois hypersensibles à la violence interpersonnelle et indifférents à la violence de masse. Dans le désastre néolibéral, le mensonge de l’abondance et la stimulation de nos forces de vie ont fait de nous des sauvages d’un genre neuf, frustrés et à cran, et non les citoyens affables que la « civilisation » voulait former. Pour sortir de ce circuit infernal, et de l’impuissance collective, de nouvelles luttes d’émancipation, encore minoritaires, détournent ces flux mortifères d’énergie sociale. Mais d’autres les convertissent en haines identitaires et en replis patriotes. Qui l’emportera ? De quel côté échappera toute la violence rentrée du monde ?
François Cusset est historien des idées, professeur à l'université Paris Nanterre, et l'auteur de nombreux ouvrages remarqués dont à La Découverte, French Theory (2003) et La Décennie (2006).
Site de l'éditeur
Plutôt qu’enrayée, la violence a été prohibée, d’un côté, pour « pacifier » policièrement les sociétés, et systématisée de l’autre, à même nos subjectivités et nos institutions : par la logique comptable, sa dynamique sacrificielle, par la guerre normalisée, la rivalité générale et, de plus en plus, les nouvelles images. Si bien qu’on est à la fois hypersensibles à la violence interpersonnelle et indifférents à la violence de masse. Dans le désastre néolibéral, le mensonge de l’abondance et la stimulation de nos forces de vie ont fait de nous des sauvages d’un genre neuf, frustrés et à cran, et non les citoyens affables que la « civilisation » voulait former. Pour sortir de ce circuit infernal, et de l’impuissance collective, de nouvelles luttes d’émancipation, encore minoritaires, détournent ces flux mortifères d’énergie sociale. Mais d’autres les convertissent en haines identitaires et en replis patriotes. Qui l’emportera ? De quel côté échappera toute la violence rentrée du monde ?
François Cusset est historien des idées, professeur à l'université Paris Nanterre, et l'auteur de nombreux ouvrages remarqués dont à La Découverte, French Theory (2003) et La Décennie (2006).
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Mis à jour le 13 mars 2018