Politiques américaines / Laboratoires locaux d'émancipation globale : Étienne Lamarche, "Fonder l'utopie par le droit : le cas des communautés icariennes et fouriéristes aux États-Unis (1843-1878)"

Publié le 31 janvier 2023 Mis à jour le 11 septembre 2023

Dans le cadre d'une séance commune entre les séminaires Politiques américaines et Laboratoires locaux d'émancipation globale (LLEG), le juriste Étienne Lamarche présentera une communucation sur les communautés utopiques étatsuniennes au XIXe siècle au prisme du droit

Date(s)

le 22 février 2023

11h-12h
Lieu(x)

Bâtiment Max Weber (W)

Salle de séminaire 2

Étienne Lamarche (Université Paris Nanterre) présentera une communication intitulée "Fonder l'utopie par le droit : le cas des communautés icariennes et fouriéristes aux États-Unis (1843-1878)"

Durant tout le XIXe siècle, des socialistes investissent le « laboratoire de l’utopie »  que représente alors la jeune république des États-Unis afin d’y faire émerger des communautés de vie en accord avec leurs idéaux politiques. Parmi ce mouvement communaliste d’inspiration socialiste, succédant – et parfois se mêlant – à la vague de communautés religieuses ayant fleuri sur le sol étasunien lors du siècle précédent, se trouvent des tentatives de réaliser les doctrines d’Étienne Cabet (1788-1856) et de Charles Fourier (1772-1837). À partir des années 1840, une trentaine de phalanstères inspirés des écrits de Fourier sont érigés aux États-Unis, tandis que sept colonies se réclamant de la pensée de Cabet voient le jour.

L’étude de ces tentatives de réalisation de théories dites « socialistes utopiques » à travers le prisme du droit présente un double intérêt.

En effet, la mise en œuvre des doctrines icariennes et fouriéristes résulte d’un travail de législateur. Les fondateurs de telles expériences s’empressent de développer et de mettre par écrit des ensembles de lois, voire des constitutions, devant garantir la fidélité de leurs communautés aux principes édictés par les auteurs dont ils s’inspirent. L’élaboration d’un droit socialiste doit garantir le caractère exemplaire de ces communautés, perçu comme absolument nécessaire à la diffusion du modèle social dont elles doivent – à terme – démontrer l’efficacité. L’étude de l’élaboration et l’évolution des systèmes normatifs internes aux communautés icariennes et fouriéristes permet d’envisager plusieurs tentatives de créer des systèmes juridiques se voulant distinct de celui de l’État. Elle permet également de mettre en lumière les mécanismes régissant la transposition de doctrines socialistes, parfois rétives à l’idée de contrainte, sous la forme de règles de droit.

De plus, suivant les préconisations de Cabet et Fourier, le développement de ces communautés exemplaires ne peut résulter que d’un respect total de la loi étatique. Afin de bénéficier de la reconnaissance des juridictions étasuniennes, les réalisateurs fondent leurs expériences socialistes en usant du droit des sociétés, particulièrement de la forme de sociétés par actions.

À travers l’étude des communautés icariennes de Nauvoo (1849-1856) et de Corning (1857-1878) ainsi que des communautés fouriéristes de la North American Phalanx (1843-1856) et de Réunion (1855-1857), cette communication se propose de souligner la manière dont les socialistes réalisateurs exploitent certains éléments du droit étatique afin de développer, dans ses interstices, des alternatives à ce dernier. Elle permettra également de relever les limites que cette stratégie légale de réalisation impose à leurs communautés.

La séance est également accessible en ligne. Merci d'écrire à Auréliane Narvaez ou Michaël Roy pour obtenir le lien de connexion.

Mis à jour le 11 septembre 2023