Séminaire Construction des Idéologies - "Politiques de l'art, politiques de la ville"

Publié le 14 mars 2025 Mis à jour le 24 mars 2025
Veronica Ryan, Custard Apple (Annonaceae), Breadfruit (Moraceae) and Soursop (Annonaceae), 2021. Hackney Windrush commission.
Veronica Ryan, Custard Apple (Annonaceae), Breadfruit (Moraceae) and Soursop (Annonaceae), 2021. Hackney Windrush commission.

Séminaire pluridisciplinaire co-organisé par le CREA (Université Paris Nanterre) et IDEA (Université de Lorraine)

Date(s)

le 28 mars 2025

15h30-17h00
Lieu(x)

Bâtiment Ida Maier (V)

Salle R14 et à distance en suivant ce lien

Plan du campus: Plan campus Paris Nanterre
Charlotte GOULD (Université Paris Nanterre) - L’art public britannique. De la volonté publique à l’instrumentalisation privée (et vice versa)

Les pendants de l’instrumentalisation et de l’autonomie de l’art sont au cœur des enjeux de la modernité artistique. L’évolution de l’art public est ponctuée de récupération utilitaire : traditionnellement emblématique ou commémoratif, puis chargé, après la Guerre, d’une fonction civique, il tend aujourd’hui vers des œuvres intégrant dématérialisation et participation souvent appelées « situations » qui circulent dans l’économie de l’expérience. L’art public est pourtant un genre hérité d’une histoire censée être de moins en moins hégémonique : de la statuaire publique qui inscrit l’histoire des vainqueurs dans le tissu national et urbain, en passant par la sculpture moderniste jouant un rôle pionnier dans des espaces qu’elle guide vers le progrès, à la reconstruction de villes et de quartiers nouveaux sous l’égide de l’état providence, ou encore aux initiatives communautaires influencées par la théorisation outre-Atlantique du New Genre Public Art. Le genre artistique s’est finalement dissout à mesure que se reconfigurait son rapport pratique à la question publique. Les espaces qu’il occupe, considérés comme publics, se sont souvent vu privatiser, tandis que les actions politiques dans la sphère publique qui le soutiennent ont parfois été déjouées par l’action privée. L’art public britannique aujourd’hui florissant est ainsi aux prises avec la dialectique des tensions entre public et privé qui continue de définir le pays.

Biographie
Charlotte Gould est Professeure de civilisation britannique à l’Université Paris Nanterre où elle co-anime l’Observatoire de l’aire britannique, OAB, au sein du CREA. Spécialiste des évolutions contemporaines de l’art public britannique, elle est l’auteure de Artangel and Financing British Art (Routledge, 2019), et a co-dirigé avec Sophie Mesplède Marketing Art in the British Isles: A Cultural History, 1700 to the Present (Ashgate, 2016) et British Art and the Environment: Changes, Challenges, and Responses Since the Industrial Revolution (Routledge, 2021). Elle co-dirige sur la période 2023-2025 le projet de recherche OCC, Olympic Cities and Culture, soutenu par la MSH Paris Nord et Plaine Commune, projet dans le cadre duquel elle s’interroge sur la pertinence de la définition d’un « art public olympique » comme genre spécifique.

Marianne HILLION (Université de Strasbourg) - Penser la modernité urbaine avec les auteurs indiens anglophones contemporains
 

ABSTRACT
La libéralisation de l’économie indienne initiée dans les années 1990 est allée de pair avec la transformation rapide des villes indiennes sous l’influence du modèle de la « ville globale ». Nouvelles frontières du capitalisme mondial et vitrines du supposé réveil de l’Inde, les villes occupent une place centrale dans le récit national de la métamorphose d’une nation pauvre en puissance émergente. Depuis les années 2000, un nombre croissant d’ouvrages de fiction et de nonfiction de langue anglaise rendent compte de l’expérience contradictoire de cette modernisation urbaine inégale. Dans cette intervention, je me concentrerai sur les soubassements idéologiques de l’esthétique du choc et de l’imaginaire de la crise déployée dans trois textes portant sur Delhi et Mumbai : Maximum City de Suketu Mehta (2004), Capital de Rana Dasgupta (2014), et The Ministry of Utmost Happiness d’Arundhati Roy (2017). Nous verrons que cet imaginaire de la crise urbaine s’appuie sur certains lieux communs de la littérature indienne, notamment dans le cas de Delhi, mais se rapproche aussi de topos véhiculés par la littérature exotisante sur les villes indiennes (et plus largement sur les villes du sud global). Toutefois, en replaçant la transformation de Delhi et Mumbai dans un cadre global, ces récits montrent que le tumulte perpétuel et les inégalités criantes de cette urbanisation ne sont pas les symptômes d’un retard indien mais sont au contraire caractéristiques de la modernité capitaliste.

Biography
Marianne Hillion is a Senior Lecturer at the University of Strasbourg, where she teaches postcolonial history and literature. Her main research fields are postcolonial literatures and urban studies, with a particular interest in literary nonfiction and post-1990s Indian cities. She has published essays on the representations of Delhi, Mumbai and Kolkata in Etudes Anglaises, Postcolonial Literatures and Arts and the Ecotones book series. She has recently published a student companion to Salman Rushdie’s Midnight’s Children (Atlande 2023). Since 2019, she has been a co-host of SLAC, a monthly seminar on historical-materialist approaches to literature.

 

Mis à jour le 24 mars 2025